Gouvernance partagĂ©e, leadership du cĆur, ouverture Ă de nouvelles parties prenantes⊠Quels sont les nouveaux paradigmes qui stimuleront les entreprises Ă changer de modĂšle et dĂ©velopper leur impact positif ?Â
Alors que le monde est en profonde mutation et que la quĂȘte de sens est devenue essentielle dans notre sociĂ©tĂ©, les entreprises doivent rĂ©pondre Ă de nouveaux enjeux environnementaux, sociaux et sociĂ©taux.Â
Cela passe par le questionnementâŠ
- Gouvernance partagĂ©e et entreprise collaborative, mythe ou rĂ©alitĂ© ?Â
- Quelle est la place du courage et des émotions dans le  leadership ?
- Comment impliquer ses parties prenantes dans ses efforts de durabilitĂ© et dans la prise de dĂ©cision ?Â
Dans cet article, dĂ©cortiquons ensemble, les 7 apprentissages qui ont animĂ© notre troisiĂšme Ă©dition Ă (pile) POIL, ou comment opĂ©rer un changement de modĂšle, vers de nouveaux modes de gouvernance et de leadership.Â
Apprentissage n°1 : La confiance est un pré-requis
La question de la gouvernance partagĂ©e positionne en son centre le rĂŽle de lâintention. Au-delĂ de lâexpression de la raison dâĂȘtre de l’organisation – qui vient rĂ©pondre Ă une quĂȘte de sens de plus en plus affirmĂ©e – lâintention doit dâabord sâexprimer individuellement avant de rĂ©sonner avec le groupe pour former une vision commune. Pour pouvoir Ă©merger, sâexprimer, elle requiert un lĂącher prise du dirigeant·e, une ouverture Ă ses Ă©quipes et une Ă©coute de ce qui vit pour elles. Mehdi Berrada explique : âOn se plaint souvent de la perte de confiance alors que câest nous qui crĂ©ons les conditions du dĂ©sengagementâ. La maniĂšre de porter cette dĂ©marche incarne ce postulat : les ĂȘtres humains sont dignes de cette confiance.
Apprentissage n°2 : Les émotions sont une force contagieuse
Les enjeux de la transition Ă©cologique et sociale nous invitent Ă penser, Ă crĂ©er un monde nouveau. Ce renouveau appelle Ă une rĂ©invention personnelle. DĂ©velopper son intelligence Ă©motionnelle, relationnelle est exigeant, dâautant plus lorsque cette exploration se vit dans la sphĂšre professionnelle. Câest apprendre Ă se mettre Ă nu, câest libĂ©rer ses Ă©motions pour construire de maniĂšre authentique. Cela ne veut pas dire quâil nây aura pas de passagers clandestins. Nicolas Cartier exprime dâailleurs le rĂŽle quâa jouĂ© la colĂšre dans son parcours : âLa colĂšre a Ă©tĂ© un Ă©lĂ©ment constitutif de mon parcours, notamment la colĂšre contre les petits chefs. Si lâon empĂȘche les Ă©motions de sâexprimer, elles sâexprimeront dâune autre maniĂšreâ.Â
Apprentissage n°3 : Les biais de rapport au pouvoir sont structurels
Lâentreprise, de part sa structure, crĂ©e des biais de rapport au pouvoir. Certains pouvoirs rĂ©galiens – tels que augmenter les salaires, recruter des individus ou encore allouer des ressources financiĂšres⊠– ne permettent pas dâatteindre une horizontalitĂ© rĂ©elle tant quâils sont la chasse gardĂ©e dâune ou de plusieurs personnes nommĂ©es. La gouvernance sâen retrouve ĂȘtre le parent pauvre des transformations dâentreprise. Mehdi Berrada met en avant : âLorsque lâon sâest sĂ©parĂ© du pouvoir, on se sent trĂšs libre. On sait que les gens ne nous suivent pas parce quâils y sont obligĂ©sâ.Â
Apprentissage n°4 : Le collectif est le centre névralgique
Lâorganisation doit sâinspirer du fonctionnement neuronal. Les finalitĂ©s stratĂ©giques de lâentreprise deviennent lâespace de collaboration dâun collectif qui Ćuvre exclusivement vers un objectif commun, compris de tous·tes. Lâorganigramme se vit par finalitĂ© et non plus par fonction. Lâentreprise opĂšre ses activitĂ©s en mode projet, faisant ainsi passer le collectif avant le rĂ©sultat financier. âJâai beaucoup souffert, dans les grandes organisations, des multiples transformations, au cours desquelles on change quinze fois dâorganisation, et oĂč lâon perd du temps. Aujourdâhui, nous avons fait le choix de nous concentrer sur le mĂ©tierâ explique Nicolas Cartier.Â
Apprentissage n°5 : Les KPIs limitent la mesure de la performanceÂ
La mesure appelle Ă la nuance. Pour la simple et bonne raison que tout ne se mesure pas et que – de facto – tout ce qui ne se mesure pas apparaĂźt comme sans intĂ©rĂȘt. Construire de nouvelles grilles de lecture ouvre la voie vers une nouvelle forme de performance, vers une nouvelle forme dâintelligence, tournĂ©e vers le collectif, tournĂ©e vers lâĂ©motion. Câest ouvrir un chemin de transformation culturelle. Anne-Sophie Carrier explique notamment le cas de BEL : âLe fait dâĂȘtre dans une entreprise familiale permet dâavoir une approche de la durabilitĂ© que lâon a pas dans une entreprise tiraillĂ©e par lâurgence de la performance court terme.â
Apprentissage n°6 : Lâintrospection est gage de sincĂ©ritĂ©
Le chemin de lâintrospection et de la connaissance de soi est une route sans fin. Il nây a pas la place pour une forme de leadership idĂ©al ou de leader role model dans une gouvernance partagĂ©e. Cette exploration de soi questionne la place de lâĂ©go, positionne la subsidiaritĂ© comme levier et invite Ă tomber le masque. Mehdi Berrada lâexplique en toute sincĂ©ritĂ© : âIl faut se regarder dans un miroir et se demander dans quelle mesure fait-on partie du problĂšme, ĂȘtre honnĂȘte avec soi-mĂȘme et se regarder vraiment. Le plus beau voyage, câest le voyage intĂ©rieur.â
Apprentissage n°7 : La gouvernance a un caractĂšre systĂ©miqueÂ
Lâexploration de sa gouvernance ouvre un vaste champ des possibles. Le chemin vers lâimpact positif demande dâagir en coalition, par lâadoption de principes de mutualitĂ©, de co-construction de solutions et dâengagement de lâentiĂšretĂ© de la chaĂźne de valeur dans les prises de dĂ©cisions, Ă travers des discussions et pratiques collaboratives. Changer sa gouvernance, câest changer de paradigme. âNous essayons de rassembler lâensemble des acteurs de notre chaĂźne de valeur sur cet enjeu de la transition de modĂšle alimentaire. Cela change la relation, nous sommes sur des enjeux de sens, de temps longâ nous dĂ©voile Anne-Sophie Carrier.Â
Ces apprentissages sont issus de la troisiĂšme rencontre Ă (pile) POIL, et sont le fruit des tĂ©moignages de nos 3 intervenant·e·s, pionnier·e·s dans lâimplĂ©mentation de nouveaux modes de gouvernance :Â
- Mehdi Berrada, Co-fondateur et PrĂ©sident dâAgronutris, Licorne Ă impact, sociĂ©tĂ© Ă mission certifiĂ©e B Corp. Il porte un modĂšle de gouvernance partagĂ©e de maniĂšre exigeante et holistique autour dâune innovation alimentaire majeure Ă base d’insectes.
- Anne-Sophie Carrier, Directrice GĂ©nĂ©rale de Bel France, entreprise rĂ©solument engagĂ©e dans la transition alimentaire. PersuadĂ©e que la transition ne peut ĂȘtre que collective, elle porte des ambitions Ă©levĂ©es sur la puissance dâagir en co-construction avec tou·te·s les acteur·trice·s de la chaĂźne de valeur.
- Nicolas Cartier, CEO de MĂ©rieux NutriSciences, ETI avec pour mission âBetter Food, Better Health, Better Worldâ. Il porte un projet de transformation qui met la RSE au cĆur et promeut l’avĂšnement d’un nouveau leadership, plus connectĂ© aux Ă©motions pour une entreprise oĂč il fait bon vivre.
__
Ă (pile) POIL est conçu par SPRING LAB et Canary Call. Pour en savoir plus sur ce concept, cliquez ici.Â
Rejoignez-nous sur LinkedIn !