
Les Visages du Virage – Rencontre avec Flore Cholley
CONDUIRE LA TRANSITION AVEC AMBITION ET PRAGMATISME
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Chez Spring Lab, on aime l’intelligence collective !
Alors pour démarrer cet échange, si tu étais un jeu de société, lequel serais-tu ?
Si je devais me comparer à un jeu de société, je serais un escape game. C’est une aventure collective qui mobilise la singularité de chacun. Chaque joueur, avec ses compétences uniques – qu’elles soient techniques ou humaines – est indispensable à la résolution de l’énigme. Ce parallèle illustre bien ma vision de l’intelligence collective : chacun contribue avec ses atouts et ses talents uniques pour un succès collectif … et rapide !.
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Comment en es-tu venue à t’engager en faveur des enjeux de transition sociale et environnementale ? Quel a été ton moteur ?
J’ai commencé ma carrière dans le marketing, mais très vite, j’ai ressenti le besoin de parler au citoyen derrière le consommateur. Concevoir des produits en pensant à leur impact global, avec une approche holistique, est devenu une évidence. J’avais besoin de sens, de contribuer à une transformation positive, d’être actrice de la solution. C’est ce que j’ai trouvé dans le domaine de la RSE. C’est un espace d’apprentissage constant et l’opportunité de relier des mondes qui, trop souvent, ne se parlent pas : business, innovation, société.
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Qu’est-ce qui t’inquiète le plus ? Et à l’inverse, qu’est-ce qui te donne de l’espoir ?
Ce qui m’inquiète aujourd’hui, ce sont principalement les tensions géopolitiques, qui poussent au repli sur soi. Il y a également cette injonction implicite que ce serait à la nouvelle génération de tout changer, tout réparer.. ce qui permet à d’autres de ne rien faire. Non! Nous devons tous agir dès maintenant, sans limite d’âges!. Et je crois aussi profondément à la solidarité qui naît dans l’adversité. Quand nous sommes au pied du mur, nous savons agir collectivement, nous l’avons bien vu pendant le Covid. C’est une force sur laquelle il faut s’appuyer.
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Peux-tu nous parler de ton rôle chez Edenred ?
Chez Edenred, je suis Chief Sustainability Officer. Je me vois comme une cheffe d’orchestre. Je donne le rythme, j’organise une partition commune, et je fais en sorte que chaque collaborateur, tel un musicien, trouve sa place dans la symphonie RSE en leur laissant la lumière.. Mon rôle est de les accompagner dans l’intégration de la RSE à leur niveau. Il n’y a pas de petits pas, que des débuts de solution.
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Tu as mené chez Edenred un véritable virage, une profonde transformation sociale et environnementale. Comment t’y prends-tu pour emmener cette entreprise Tech détenue en partie par des fonds américains vers l’impact ?
Edenred a cette particularité d’avoir l’impact dans son ADN, notamment via son offre phare sur le ticket restaurant. De plus, nous avons la chance d’avoir un PDG engagé sur ces sujets, ce qui rend possible une réelle transformation, sans avoir à “convaincre” sur leur importance . Nous avons structuré les fondamentaux : gouvernance, politique climat, achats responsables, et nous avons fixé des objectifs ambitieux comme l’atteinte du zero net carbone d’ici 2050 (SBTi validé).
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De quoi es-tu la plus fière ? Quels sont tes plus grands défis ?
Mon plus grand défi ? À court terme pour 2025, maintenir le cap face aux tensions géopolitiques. En ce qui concerne mon métier, mon plus grand défi est d’accompagner les équipes d’innovation produits dans l’intégration de la RSE dès la conception de ces derniers. Enfin, j’essaye de rendre tangible notre engagement RSE pour l’utilisateur final. Afin que cet engagement devienne une source de différenciation. Ainsi, nous démontrons qu’investir sur la RSE constitue un retour sur investissement durable grâce à une clientèle fidélisée.
D’autre part, je suis particulièrement fière d’avoir obtenu la validation de nos objectifs par la SBTi, de notre travail sur la mobilité douce, et des progrès réalisés sur la parité avec +10 points de femmes dans les postes dirigeants. Ce n’est pas si compliqué : c’est une question de volonté. En fait, ce qui me rend fière, c’est cette évolution des mentalités : nous sommes passés des “on ne peut pas”, “et avec quel budget ?” à l’automatisme de placer la RSE au cœur des décisions.
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Pour réussir les transformations, il y a toute la dimension culturelle et managériale. Il est essentiel d’embarquer les équipes, en particulier les managers. Comment t’y prends-tu chez Edenred ?
Je commence par identifier les alliés et neutraliser les réfractaires. Ensuite, je dirai qu’embarquer les équipes passe par l’incarnation : créer du dialogue, accepter la contradiction, définir des objectifs communs, simples et clairs. Il faut donner envie, montrer que la RSE est un levier d’innovation, pas une contrainte. Je fais attention à porter de l’intérêt aux sujets de fonds comme aux sujets plus “trendy”, afin d’assurer que tout le monde soit concerné et écouté.
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Selon toi, l’intelligence collective a-t-elle un rôle à jouer dans cette adoption de la RSE dans les pratiques courantes ?
Évidemment, l’intelligence collective joue un rôle fondamental dans l’appropriation du sujet par les managers. Quand un responsable comprend que la réussite de son projet passe en partie par la RSE, alors il s’en empare. C’est là que la magie opère. Mon plus grand succès est quand un responsable finance lui-même un projet RSE par conviction. Je pense notamment à la nomination récente d’un Directeur Green IT chez Edenred en vue de réduire nos émissions carbone IT qui représentent tout de même environ 40% de nos émissions. Cette nomination est un tremplin pour la suite de notre plan d’action.
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Selon toi, quelle est la plus grande responsabilité d’un cabinet de conseil à impact aujourd’hui ? Son plus grand défi ?
Pour moi, un cabinet de conseil à impact a aujourd’hui une double responsabilité : pousser les entreprises engagées le plus loin possible, tout en initiant celles moins avancées au chemin de l’impact. Accélérer la transition, créer une dynamique de compétition positive, encourager la coopération entre les entreprises : voilà aujourd’hui le rôle d’un cabinet de conseil. Le plus grand défi reste de continuer à mobiliser les entreprises sur les sujets liés à la RSE dans le contexte actuel. 2025 s’annonce difficile, mais 2026 vaut la peine d’être vécue.
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Pourquoi as-tu accepté de rejoindre le comité de mission de Spring Lab ?
Ce qui m’a donné envie de rejoindre le comité de mission de Spring Lab est principalement le fait que j’adhère à votre vision. Votre approche mêle stratégie, culture business, et intelligence collective. Et puis, il y a cette force : des femmes puissantes, engagées, prêtes à bousculer les modèles établis.
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Qu’est-ce qui t’a plu ou interpellé dans la démarche de Spring Lab ? Quel est notre truc en plus qui t’a marqué ?
Spring Lab insuffle une vision positive de la RSE, en mettant en avant son potentiel d’innovation et l’importance de l’intelligence collective, contrastant avec une approche purement axée sur la conformité (bilan carbone, csrd…). J’apprécie votre capacité à faire le pont entre la culture business (recherche de profit) et l’innovation responsable.
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Comment perçois-tu ton rôle ? Quel premier conseil as-tu envie de donner ?
Mon rôle dans ce comité : être une boussole entre ambition et pragmatisme. Apporter humblement expérience et expertise, venant moi-même d’un milieu corporate où la recherche de l’impact positif n’est pas évident pour tous. Pousser toujours plus haut, tout en acceptant que chaque pas compte, aussi petit soit-il. Aider à insuffler l’envie d’agir.
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Comment imagines-tu en 2040 l’entreprise idéale, celle qui a réussi à faire de la RSE le cœur de son modèle ?
Je rêve d’une entreprise intrinsèquement porteuse d’impact positif pour les humains et la planète. Où la sobriété est une source d’innovation, où la singularité de chacun est valorisée, où l’intelligence collective est un levier majeur. Un écosystème vivant, durable, épanouissant.
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Qu’aimerais tu transmettre aux générations futures ? Quel message / quel héritage aimerais-tu laisser ?
“Elle voulait changer le monde… et chaque jour, elle a essayé. Parfois, elle y est même arrivée.”
Mon message pour les générations futures ? Allumez l’étincelle du « CSR by design ». Osez. Et n’arrêtez jamais de vous offusquer. Car c’est dans l’indifférence que le monde s’effondre.
Les Visages du Virage est une série d’interviews aux côtés de celles et ceux qui portent des transformations stratégiques, organisationnelles, culturelles et surtout humaines. Les Visages du Virage, c’est une fenêtre ouverte sur les projets qui réjouissent notre quotidien et qui enthousiasment nos client·e·s.
Chaque interview est une histoire unique, une source d’inspiration et un appel à l’action.