Échange avec Yannick Ratte, pionnier de la Transformation Ecologique ♻️

 

 

Je suis ravie de vous partager ma discussion avec Yannick RATTE, un pionnier de la transformation écologique, hors du commun, que j’ai eu le plaisir d’accompagner depuis 10 ans chez Veolia et récemment dans sa prise de fonction en tant que directeur général de la SARP, filiale du groupe, spécialisée dans le domaine des déchets liquides.

 

 

Peux-tu nous raconter en quelques mots ton parcours professionnel ?

 

Après une formation d’ingénieur de l’Ecole des Ponts Paristech, j’ai intégré la banque IndoSuez dans l’activité financement de projets. A Hong Kong puis à Paris, cette expérience a été très formatrice pour comprendre les tenants et aboutissants de projets d’infrastructures structurants. Après quelques années, j’ai souhaité rejoindre un industriel, une entreprise, pour “faire les choses” et non plus seulement les accompagner.

C’est ainsi que j’ai intégré d’abord la Direction Financière Internationale de Veolia, puis Veolia Eau France dans différents postes en opérations : Directeur dans une agence territoriale et Directeur Régional. Ensuite un nouveau départ en Asie comme Directeur Général de Veolia Japon, puis de retour en France comme Directeur Général Adjoint en charge du développement chez Veolia Eau France.

Depuis mai 2023, je suis directeur général de la SARP, filiale de Veolia, spécialisée dans le domaine des déchets liquides. La SARP exerce des activités dans les domaines de l’assainissement, de l’hygiène du bâtiment et de l’air, de la collecte et de la valorisation des déchets ou encore de la maintenance industrielle.

 

 

Comment sont nées ta sensibilité et tes convictions sur les enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux ?

 

Très tôt, j’ai eu une appétence pour un métier essentiel, d’utilité sociale ou sociétale comme l’eau ou l’énergie. Mes études d’ingénieur ont développé ma vocation de construire des infrastructures dans une approche de temps long avec une idée de progrès, pour la société et pour l’environnement.

Rapidement, j’ai acquis la conviction que les entreprises capables de concrétiser de grands projets d’infrastructures avaient un rôle important à jouer dans la réponse aux enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux. Comme le dit le Président de Veolia, Antoine Frérot, “l’entreprise n’est prospère que si elle est utile”. Cette phrase résume bien ce qui me motive et me fait avancer dans mon activité professionnelle : faire partie d’un collectif utile à la société, délivrant des services essentiels.

Depuis 2-3 ans , nous évoluons dans un contexte de polycrises : crise sanitaire, guerre en Ukraine et crise de l’énergie qui a suivi, inflation, évènements climatiques extrêmes, inondations et incendies qui se multiplient, sécheresse, tensions sur certaines matières premières. Toutes ces difficultés sont les symptômes concrets des défis qui sont les nôtres. Elles n’ont fait que renforcer mes convictions et mon envie d’agir concrètement et rapidement.

 

 

À ta prise de fonction de Directeur Général de la SARP, tu as fait de la Transformation Écologique un élément central de la stratégie d’entreprise. Pourquoi ?

 

D’abord, le groupe Veolia se positionne comme l’entreprise de référence de la transformation écologique, Veolia s’engage à accélérer et à massifier le déploiement de solutions existantes, tout en créant celles de demain.

La SARP fait partie intégrante du groupe Veolia. En rejoignant la SARP, il me paraissait important d’affirmer cette volonté de la SARP de contribuer activement à cette transformation écologique. Le sentiment d’urgence et mes convictions personnelles m’ont poussé à vouloir agir collectivement avec les 6500 collaborateurs SARP qui œuvrent au quotidien, parfois sans le dire, à la transformation écologique de nos clients.

J’avais envie, dans 20 ans, de pouvoir regarder en arrière et faire le bilan de nos actions et me dire “Nous avons fait ce que nous avions à faire. Nous nous sommes mobilisés. Nous avons fait de notre mieux pour être à la hauteur de nos responsabilités”. Les entreprises, car elles sont, je dirai par essence, des entrepreneurs, ont cette responsabilité de faire évoluer les choses. Elles peuvent contribuer à faire en sorte de laisser à nos enfants un héritage viable, des infrastructures performantes d’un point de vue environnemental.

Nous devons avancer main dans la main avec nos parties prenantes, convaincus que les impératifs économiques, environnementaux, sociaux et sociétaux doivent s’appréhender comme un tout indissociable. L’exigence de nos parties prenantes sur ces sujets, que soient nos collaborateurs ou nos clients, est de plus en plus importante et nous nous devons d’apporter une réponse à la hauteur de ces enjeux.

L’expertise du Groupe Veolia en termes de transformation écologique m’a semblé une opportunité de synergie et d’accélération que nous devions saisir. La SARP doit suivre la trajectoire du groupe tout en trouvant sa propre déclinaison de la transformation écologique.

 

 

Comment cela s’est-il orchestré ?

 

J’ai souhaité embarquer le top management dès le départ de la réflexion. En effet, il me semble essentiel que les managers s’approprient pleinement le sujet, soient en mesure de l’incarner et le traduisent dans leur quotidien. C’est pourquoi nous avons co-construit avec eux le positionnement souhaité sur la transformation écologique en exprimant ensemble une nouvelle raison d’être, une promesse à nos clients ainsi que des engagements stratégiques, au cours d’une série d’ateliers d’intelligence collective.

Ce travail est loin d’être un exercice marketing : il a permis aux personnes impliquées de se poser les bonnes questions sur le rôle à jouer de la SARP, sur sa responsabilité, son utilité, unique et différenciante et sur comment agir plus fortement encore demain. Finalement comment définir la vision de notre métier dans une économie qui doit se décarboner et diminuer sa consommation de ressources naturelles.

Plusieurs questions ont été structurantes pour infuser la transformation écologique dans la stratégie :

  • Comment proposer une offre qui contribue à décarboner les activités de nos clients ?
  • Comment moins polluer et mieux prévenir la pollution ?
  • Comment consommer moins de ressources ? limiter la consommation d’énergie ?
  • Et comment s’adapter aussi bien sûr aux conséquences déjà concrètes du réchauffement climatique (inondations, canicules, sécheresse par exemple) ?Les premières réponses à ces questions nous permettent aujourd’hui de dessiner la feuille de route de la Transformation Écologique.

 

 

Une fois de plus, tu as choisi de te faire accompagner par Spring Lab. Pourquoi ?

 

En effet, après avoir accompagné Veolia Eau France dans une démarche de co-construction similaire, Spring Lab nous a aidés avec ses méthodes d’intelligence collective et une façon bien à elles de nous challenger en apportant leur regard extérieur à l’entreprise, en nous questionnant sur notre niveau d’ambition au regard des défis écologiques et sociétaux. Spring Lab nous a aidés à concevoir et à structurer la gouvernance et l’engagement des parties prenantes pour que la Transformation Écologique soit progressivement l’affaire de tous, du top management aux collaborateurs de terrain. Springlab nous a proposé plusieurs approches innovantes que nous avons pu adapter et discuter collectivement. Notre objectif est de démultiplier la mobilisation et l’impact dans les territoires car nous sommes très décentralisés.

 

 

Quel a été ton rôle dans la diffusion de la transformation écologique ?

 

En tant que dirigeant, mon rôle est celui de premier ambassadeur de la transformation écologique au sein de l’entreprise. Je crois fermement que pour que la transformation écologique réussisse, il est essentiel que le dirigeant soit véritablement convaincu et enthousiaste à ce sujet. Changer demande de l’énergie et il n’y a pas d’énergie sans motivation sincère.

Je considère mon rôle comme celui d’un catalyseur, d’un stimulant en favorisant un environnement propice à la transformation. Il est de ma responsabilité de nourrir en permanence cette volonté de changement au sein de l’entreprise, en veillant à ce que les conditions nécessaires pour la croissance de cette transformation soient constamment présentes.

Mon engagement ne se limite pas seulement à l’interne de l’entreprise, il s’étend à toute la filière. J’ai pris la parole de manière proactive pour acculturer et sensibiliser non seulement nos collaborateurs, mais aussi tous les acteurs impliqués dans notre secteur. Agir au sein de la filière est crucial pour créer un élan collectif vers d’autres modèles.

 

 

Quels enseignements souhaiterais-tu partager à un.e autre dirigeant.e pour se lancer dans cette transformation ?

 

Je partage 6 enseignements précieux dans notre parcours vers la transformation écologique.

1. Être profondément convaincu du bien-fondé de cette démarche. La transformation écologique demande un engagement à long terme, il faut tenir la distance. Il faut avoir conscience que cela va prendre du temps.

2. Confronter sa conviction en dialoguant avec des pairs engagés, s’inspirant de leurs expériences et convictions. Je recommande également de nourrir sa culture et ses connaissances continuellement par de la veille via des articles, des conférences, des podcasts.

3. Embarquer sa gouvernance, rechercher son adhésion à la transformation écologique me paraît être une condition sine qua non. Dans mon cas, le positionnement du groupe Veolia “acteur de référence de la Transformation Écologique” a facilité un accueil favorable à notre démarche au sein de la SARP.

4. Co-construire avec son Comité de Direction dès le début de la réflexion est une étape cruciale.

5. Anticiper le passage à l’échelle avec une gouvernance solide du projet de transformation. Il faut mettre en place les relais nécessaires transverses et au plus près du terrain.

6. Embarquer ses collaborateurs et éveiller les consciences. Pour cela, il faut s’appuyer sur l’existant et rechercher la motivation de ses collaborateurs en identifiant les actions qu’ils peuvent entreprendre pour en faire des acteurs engagés dès le début. Nous avons, par exemple, montré comment certaines de nos offres existantes répondaient déjà aux défis de la transformation écologique comme la décarbonation, la régénération des ressources et la dépollution.

 

 

 

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