Mobiliser la jeunesse pour construire l’avenir de demain

 

👋 Bonjour Sylvain,

👋 Bonjour Vanessa

 

 

Pour démarrer cet échange, si tu étais un jeu de société, lequel serais-tu et pourquoi ?

Je choisis Whiff, un jeu qui mêle stratégie, éducation et plaisir autour des cinq sens. Ce jeu explore les liens fascinants entre l’odorat et la vue, en invitant les participant·e·s à expérimenter de nouvelles connexions sensorielles.

C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur, car il a été imaginé par ma fille, qui étudie les neurosciences. En travaillant en codesign avec une amie et en se laissant challenger par d’autres, elles ont donné vie à une idée innovante et ludique. Aujourd’hui, Whiff est en cours de développement, avec pour ambition d’être commercialisé bientôt.

 

 

Peux-tu nous parler du projet de Génération D ?

Génération D, comme « décarbonation », est un programme co-construit avec Spring Lab et EDF. Il répond à un enjeu crucial : rendre les métiers liés à la transition énergétique attractifs pour les jeunes. 

Pour ce pilote initié en Occitanie, nous avons travaillé main dans la main avec l’INSA de Toulouse pour concevoir un programme innovant et engageant. L’idée était d’impliquer les étudiant·e·s autour de la question de la décarbonation, en particulier dans les événements sportifs et culturels, en capitalisant sur l’expérience d’EDF partenaire des JOP 2024 Ce projet permet aux jeunes de développer leurs compétences et de s’engager activement dans des initiatives alignées sur les défis environnementaux actuels.

Au sein d’EDF, quels sont les enjeux qui ont présidé à Génération D ? Quelle est sa genèse ?

Génération D repose sur deux piliers essentiels. D’abord, la raison d’être d’EDF : construire un avenir neutre en carbone grâce à des solutions innovantes centrées sur l’électricité. Pour relever cet immense défi, l’implication des jeunes est indispensable.

Ensuite, ce projet est né d’une coopération et d’une relation de confiance avec Bertrand Raquet de l’INSA de Toulouse, et Vanessa Vierling de Spring Lab. Nous sommes partis d’une idée sans en connaître précisément les contours pour la transformer en un programme concret et inspirant pour la transition énergétique.

 

 

Quelles sont les grandes étapes qui ont guidé ce projet ? Quelles sont les méthodes mises en place ? En quoi sont-elles innovantes ?  

Pour répondre à la problématique de l’attractivité des jeunes, notamment des futur·e·s ingénieur·e·s. nous avons choisi le parti pris de l’innovation, véritable atout du territoire occitan.

En travaillant avec l’INSA, deux défis sont vite apparus :

 

Concrètement, le programme s’est développé en 3 étapes.

Tout d’abord, nous avons plongé les étudiants dans les coulisses d’événements sportifs, avec une approche de « chasseurs de carbone » pour analyser leur impact environnemental. Ainsi, le Stade Toulousain les a accueillis et partagé leur stratégie et plan d’action RSE , en amont d’un match auquel ils ont pu assister.

Ensuite, nous avons organisé des rencontres inspirantes. Celles d’Ugo Didier, étudiant à l’INSA et multi-médaillé paralympique de la Team EDF. Son engagement et son témoignage ont renforcé la crédibilité et la profondeur du projet, loin de tout greenwashing. Mais aussi celle de Samuel Lacroix, design EDF, qui a partagé les coulisses de la création de la fameuse vasque des JOP.

Point d’orgue du programme, le bootcamp, nommé Les Jeux de l’Innovation” leur a permis de co-designer des solutions innovantes pour répondre aux défis de décarbonation sous 6 angles différents. J’ai été bluffé par le pouvoir de l’intelligence collective entre étudiants INSA et ambassadeurs EDF. Les projets qu’ils nous ont proposés sont créatifs, innovants, à impact positif, et vont être approfondis lors de projets pédagogiques avec l’INSA et des stages chez EDF dès janvier 2025.

 

Comment qualifierais-tu le rôle joué par Spring Lab dans l’éclosion / l’accélération de ce projet ?

Spring Lab a été au cœur du projet. L’idée de départ, même encore embryonnaire, est née d’un échange informel lors d’un déjeuner où on s’est demandé : Comment marier l’attractivité des jeunes pour des métiers porteurs de sens avec notre approche de l’innovation ?

Spring Lab a ensuite apporté deux éléments essentiels. D’abord, leur méthodologie et leur expertise en innovation. Ce n’est pas juste parler d’innovation, mais réussir à créer un cadre qui la favorise, l’organise et embarque un grand nombre d’acteurs. Ensuite, Spring Lab a une véritable expertise dans la coopération pour co-designer et co-réaliser le programme à trois – INSA, EDF et Spring Lab. 

Au final, la réussite est au rendez- vous : les étudiant·e·s se sont impliqué.e.s, ont produit des projets concrets, et tout cela va déboucher sur des perspectives réelles, comme des projets pédagogiques, des stages, ou des offres d’alternance.

 

En quoi ce projet conduit par tes soins a-t-il une âme différente de s’il avait été conduit par une autre personne ? 

Ce projet reflète mes convictions sur plusieurs points. 

D’abord, la confiance et la co-construction : j’ai choisi de collaborer avec des partenaires qui partagent mes valeurs tout en étant capables de challenger nos idées. 

Ensuite, l’expérimentation à la maille territoriale. On a travaillé à une taille adaptée et avec une vraie intensité. Je savais que pour éviter les lourdeurs, il fallait construire un cadre collectif solide avec l’INSA, Spring Lab, et des membres de mon équipe, apprentis inclus. Apporter la preuve du concept pour ensuite déployer à plus grande échelle.

Enfin, la place donnée aux jeunes dans la conception du programme : lors des sessions de co-design, ou dans la gestion de projet depuis 1 an,  ils ont été d’actifs contributeurs. Un événement par et pour les générations futures.

 

 

Quels sont les renoncements auxquels tu as été confronté ? En quoi sont-ils sains ?

J’ai fait le choix de me concentrer sur un partenariat académique fort, au lieu de chercher à inclure toutes les écoles dès le départ. C’était tentant d’essayer d’embrasser tout l’écosystème occitan, mais ceci aurait été trop complexe pour un premier pilote.. À partir de là, on a posé les bases pour une réplicabilité, d’abord avec d’autres écoles INSA, puis avec d’autres formations.

Ce choix nous a permis de construire un projet solide, crédible, et surtout durable, avec une vraie base d’adhésion.

 

 

Qu’est-ce que ce projet a renforcé comme conviction chez toi ? Pour ton métier ? 

Ce projet a confirmé à quel point je suis aligné avec les valeurs d’EDF. Ce qu’on a fait avec Génération D montre que ces valeurs ne sont pas que des mots. Elles s’incarnent dans des actions concrètes.

Ce que j’ai appris, c’est qu’il ne suffit pas d’avoir une ambition institutionnelle ou des objectifs globaux, nationaux. Il faut trouver des moyens de les traduire en actions locales, portées par des personnes authentiques. 

 

 

Quelles sont les valeurs qui ont trouvé une place plus importante au sein de ton organisation, suite à Génération D ?

Ce qui m’a frappé, c’est de voir à quel point mon équipe a pris du plaisir à travailler sur ce projet. Ils ont réussi à mobiliser des acteurs clés, comme les ambassadeur·rice·s que nous avons sollicité·e·s pour le programme. 

Ces ambassadeur·rice·s – des ingénieur·e·s de différentes entités EDF en Occitanie – se sont incroyablement mobilisé.e.s à toutes les étapes du programme, auprès des étudiant.e.s INSA mais aussi de bâtir des ponts transverses dans le Groupe.

J’ai le sentiment qu’ il·elle·s ont renforcé leur fierté de faire partie du Groupe EDF, et cela se reflète aujourd’hui dans leurs interactions, non seulement avec l’extérieur – l’objectif initial – mais aussi en interne.

 

Qu’aimerais-tu dire à une personne confrontée aux mêmes enjeux que toi ? 

Je dirais que dans l’industrie et les métiers techniques, qui ne sont pas toujours valorisés en France, la clé est de commencer par établir une vraie relation de confiance avec les parties prenantes locales. Cela passe par une démarche de co-construction avec le territoire, une compréhension fine des acteurs locaux et un ancrage progressif.

C’est un équilibre subtil !

Je comparerais cela à une partie de Go : l’objectif global est ambitieux, en termes de délais comme de résultats, mais on ne peut l’atteindre qu’en progressant localement, pas à pas, de manière stratégique. Il ne s’agit pas de tout structurer à l’échelle corporate dès le départ, mais d’accepter de construire en « taches de léopard », avec patience et pragmatisme. C’est ainsi que l’on réussit à relever les défis liés à l’attractivité et à la transformation collective.

 

Quelle est la suite du projet ? Comment envisages-tu son déploiement / le passage à l’échelle de cette expérimentation ? 

L’étape suivante est claire : capitaliser sur cette dynamique tout en évitant une retombée d’énergie. Ce projet ne peut pas se limiter à un “one-shot”. C’est pourquoi, pour commencer, je veux m’assurer que les 30 étudiant·e·s qui ont participé – et plus largement toutes les parties prenantes – puissent voir les fruits concrets de leur implication. Il faut démontrer que ce projet ouvre des perspectives, qu’il est durable.

Ensuite, il y a un véritable travail de partage et de diffusion. Mon rôle est de fédérer les acteur·rice·s stratégiques d’EDF – celles et ceux impliqué·e·s dans les Jeux Olympiques et Paralympiques, ou encore celles et ceux en charge du recrutement au niveau du groupe – pour qu’il·elle·s adoptent cette approche et la fassent rayonner auprès de mes homologues. L’objectif ? Que ce pilote devienne une référence, une source d’inspiration reproductible ailleurs.

Un autre chantier me semble essentiel : valoriser les métiers techniques et industriels, souvent sous-estimés. Nous devons adresser le sujet en amont, en travaillant avec des lycées, des formations Bac Pro ou BTS, pour faire comprendre aux jeunes que ces métiers offrent de vraies opportunités, avec du concret et du sens. L’idée est de poser les bases d’une pyramide solide, où la base – ces technicien·ne·s et opérateur·rice·s – est aussi valorisée que le sommet, représenté par les ingénieur·e·s et designers.

Enfin, il est crucial de cultiver un esprit d’innovation. Le processus itératif présenté par Samuel Lacroix (designer de la vasque des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024) – partir d’une intuition, poser une hypothèse, la tester, ajuster – est une méthodologie que nous devons intégrer. Elle a montré qu’avec agilité, confiance et audace, même un grand groupe comme EDF peut surprendre par sa capacité à innover rapidement et efficacement.

Mais attention : ce niveau d’excellence demande des conditions bien définies. Il faut accepter le droit à l’erreur, tout en fixant des exigences claires. L’innovation, c’est un équilibre entre liberté et responsabilité. Et c’est précisément cet équilibre qui fera de ce projet un véritable modèle, prêt à être déployé à grande échelle.

 

Une dernière chose à nous partager ?

Parlons 2030 et des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver. Ce rendez-vous commence déjà à susciter des débats. Les controverses ne se limitent plus aux Jeux d’été ; les Jeux d’hiver posent des enjeux majeurs, à la fois climatiques et logistiques. Prenons l’exemple des derniers Jeux d’hiver en Chine : des pistes entièrement artificielles, aménagées en haute montagne dans une zone totalement aride. On a vu des images saisissantes, où seule la piste était enneigée, entourée de roches nues. Cela pose des questions fondamentales sur la pertinence et la durabilité de tels choix.

C’est dans ce contexte que le défi des Jeux de 2030 prend tout son sens. Les interrogations sont nombreuses : y aura-t-il suffisamment de neige ? Quels impacts sur l’environnement local ? Comment éviter de reproduire les erreurs passées tout en relevant les attentes de cet événement mondial ? La polémique sera sans aucun doute à la hauteur de l’enjeu.

Ce sera l’occasion pour EDF de démontrer sa capacité à innover tout en restant fidèle à sa raison d’être : lutter contre le réchauffement climatique. Ce défi ambitieux nous invite à repousser nos limites et à imaginer des solutions inspirantes et durables. À suivre… 💡

 

Merci Sylvain pour cet échange

Merci Vanessa

 


 

Les Visages du Virage est une série d’interviews aux côtés de celles et ceux qui portent des transformations stratégiques, organisationnelles, culturelles et surtout humaines. Les Visages du Virage, c’est une fenêtre ouverte sur les projets qui réjouissent notre quotidien et qui enthousiasment nos client·e·s.

Chaque interview est une histoire unique, une source d’inspiration et un appel à l’action.

Chatbot