
🌱 À (pile) POIL – Retour sur la troisième édition 🎙️
Gouvernance partagée, leadership du cœur, ouverture à de nouvelles parties prenantes… Quels sont les nouveaux paradigmes qui stimuleront les entreprises à changer de modèle et développer leur impact positif ?
Alors que le monde est en profonde mutation et que la quête de sens est devenue essentielle dans notre société, les entreprises doivent répondre à de nouveaux enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux.
Cela passe par le questionnement…
- Gouvernance partagée et entreprise collaborative, mythe ou réalité ?
- Quelle est la place du courage et des émotions dans le leadership ?
- Comment impliquer ses parties prenantes dans ses efforts de durabilité et dans la prise de décision ?
Dans cet article, décortiquons ensemble, les 7 apprentissages qui ont animé notre troisième édition À (pile) POIL, ou comment opérer un changement de modèle, vers de nouveaux modes de gouvernance et de leadership.
Apprentissage n°1 : La confiance est un pré-requis
La question de la gouvernance partagée positionne en son centre le rôle de l’intention. Au-delà de l’expression de la raison d’être de l’organisation – qui vient répondre à une quête de sens de plus en plus affirmée – l’intention doit d’abord s’exprimer individuellement avant de résonner avec le groupe pour former une vision commune. Pour pouvoir émerger, s’exprimer, elle requiert un lâcher prise du dirigeant·e, une ouverture à ses équipes et une écoute de ce qui vit pour elles. Mehdi Berrada explique : “On se plaint souvent de la perte de confiance alors que c’est nous qui créons les conditions du désengagement”. La manière de porter cette démarche incarne ce postulat : les êtres humains sont dignes de cette confiance.
Apprentissage n°2 : Les émotions sont une force contagieuse
Les enjeux de la transition écologique et sociale nous invitent à penser, à créer un monde nouveau. Ce renouveau appelle à une réinvention personnelle. Développer son intelligence émotionnelle, relationnelle est exigeant, d’autant plus lorsque cette exploration se vit dans la sphère professionnelle. C’est apprendre à se mettre à nu, c’est libérer ses émotions pour construire de manière authentique. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de passagers clandestins. Nicolas Cartier exprime d’ailleurs le rôle qu’a joué la colère dans son parcours : “La colère a été un élément constitutif de mon parcours, notamment la colère contre les petits chefs. Si l’on empêche les émotions de s’exprimer, elles s’exprimeront d’une autre manière”.
Apprentissage n°3 : Les biais de rapport au pouvoir sont structurels
L’entreprise, de part sa structure, crée des biais de rapport au pouvoir. Certains pouvoirs régaliens – tels que augmenter les salaires, recruter des individus ou encore allouer des ressources financières… – ne permettent pas d’atteindre une horizontalité réelle tant qu’ils sont la chasse gardée d’une ou de plusieurs personnes nommées. La gouvernance s’en retrouve être le parent pauvre des transformations d’entreprise. Mehdi Berrada met en avant : “Lorsque l’on s’est séparé du pouvoir, on se sent très libre. On sait que les gens ne nous suivent pas parce qu’ils y sont obligés”.
Apprentissage n°4 : Le collectif est le centre névralgique
L’organisation doit s’inspirer du fonctionnement neuronal. Les finalités stratégiques de l’entreprise deviennent l’espace de collaboration d’un collectif qui œuvre exclusivement vers un objectif commun, compris de tous·tes. L’organigramme se vit par finalité et non plus par fonction. L’entreprise opère ses activités en mode projet, faisant ainsi passer le collectif avant le résultat financier. “J’ai beaucoup souffert, dans les grandes organisations, des multiples transformations, au cours desquelles on change quinze fois d’organisation, et où l’on perd du temps. Aujourd’hui, nous avons fait le choix de nous concentrer sur le métier” explique Nicolas Cartier.
Apprentissage n°5 : Les KPIs limitent la mesure de la performance
La mesure appelle à la nuance. Pour la simple et bonne raison que tout ne se mesure pas et que – de facto – tout ce qui ne se mesure pas apparaît comme sans intérêt. Construire de nouvelles grilles de lecture ouvre la voie vers une nouvelle forme de performance, vers une nouvelle forme d’intelligence, tournée vers le collectif, tournée vers l’émotion. C’est ouvrir un chemin de transformation culturelle. Anne-Sophie Carrier explique notamment le cas de BEL : “Le fait d’être dans une entreprise familiale permet d’avoir une approche de la durabilité que l’on a pas dans une entreprise tiraillée par l’urgence de la performance court terme.”
Apprentissage n°6 : L’introspection est gage de sincérité
Le chemin de l’introspection et de la connaissance de soi est une route sans fin. Il n’y a pas la place pour une forme de leadership idéal ou de leader role model dans une gouvernance partagée. Cette exploration de soi questionne la place de l’égo, positionne la subsidiarité comme levier et invite à tomber le masque. Mehdi Berrada l’explique en toute sincérité : “Il faut se regarder dans un miroir et se demander dans quelle mesure fait-on partie du problème, être honnête avec soi-même et se regarder vraiment. Le plus beau voyage, c’est le voyage intérieur.”
Apprentissage n°7 : La gouvernance a un caractère systémique
L’exploration de sa gouvernance ouvre un vaste champ des possibles. Le chemin vers l’impact positif demande d’agir en coalition, par l’adoption de principes de mutualité, de co-construction de solutions et d’engagement de l’entièreté de la chaîne de valeur dans les prises de décisions, à travers des discussions et pratiques collaboratives. Changer sa gouvernance, c’est changer de paradigme. “Nous essayons de rassembler l’ensemble des acteurs de notre chaîne de valeur sur cet enjeu de la transition de modèle alimentaire. Cela change la relation, nous sommes sur des enjeux de sens, de temps long” nous dévoile Anne-Sophie Carrier.
Ces apprentissages sont issus de la troisième rencontre À (pile) POIL, et sont le fruit des témoignages de nos 3 intervenant·e·s, pionnier·e·s dans l’implémentation de nouveaux modes de gouvernance :
- Mehdi Berrada, Co-fondateur et Président d’Agronutris, Licorne à impact, société à mission certifiée B Corp. Il porte un modèle de gouvernance partagée de manière exigeante et holistique autour d’une innovation alimentaire majeure à base d’insectes.
- Anne-Sophie Carrier, Directrice Générale de Bel France, entreprise résolument engagée dans la transition alimentaire. Persuadée que la transition ne peut être que collective, elle porte des ambitions élevées sur la puissance d’agir en co-construction avec tou·te·s les acteur·trice·s de la chaîne de valeur.
- Nicolas Cartier, CEO de Mérieux NutriSciences, ETI avec pour mission “Better Food, Better Health, Better World”. Il porte un projet de transformation qui met la RSE au cœur et promeut l’avènement d’un nouveau leadership, plus connecté aux émotions pour une entreprise où il fait bon vivre.
__
À (pile) POIL est conçu par SPRING LAB et Canary Call. Pour en savoir plus sur ce concept, cliquez ici.
Rejoignez-nous sur LinkedIn !